Après la légende de la Mer de Glace ou de celle du Pont du Diable, nous vous proposons aujourd’hui de découvrir un récit qui a fait frissonner des générations et qui continue de captiver l’imagination : le mystérieux noyer du château de Ripaille. Un conte qui commence une nuit d’hiver sur les bords du lac Léman…
Les bases de la légende
Le château de Ripaille
Le château de Ripaille est un ancien manoir, un haut lieu historique, culturel et même viticole de Haute-Savoie. Il se trouve à Thonon-les-Bains, au bord du Lac Léman.
Les bateliers de Thonon à Lausanne
Autrefois, à une époque lointaine, des bateliers courageux naviguaient sur les eaux mouvementées pour conduire les gens entre Thonon et Lausanne. Ce métier, risqué et exigeant, était respecté pour sa difficulté et les dangers qu’il impliquait.
Une nuit de tempête et de mystère
Par une soirée pluvieuse, alors que les vagues se fracassaient contre les rochers et que la lune jouait à cache-cache avec les nuages, un batelier venait d’amarrer sa barque à Lausanne après sa journée de travail. Soudain, un homme, dont la carrure imposante se détachait à peine dans l’obscurité, arriva. L’homme, vêtu d’un large manteau sombre dont la capuche cachait le visage, portait une grosse malle en bois. Il s’avança vers le batelier et lui demanda de le faire traverser, malgré les caprices du temps et l’heure avancée.
Le batelier refusa d’abord, prétextant qu’il était trop tard pour une telle traversée. Mais, l’homme en noir insista fermement : “Non ! Si tu effectues cette traversée pour moi, je te récompenserai grassement“. La promesse d’une telle rémunération fit changer d’avis le batelier, qui accepta malgré les conditions. Il aida alors l’homme mystérieux à embarquer et tenta de charger le coffre en bois, extrêmement lourd. Après plusieurs essais, il réussit enfin à installer le coffre au milieu de la barque, pour maintenir l’équilibre et ne pas la faire chavirer. Puis, la barque s’élança dans la nuit, ballotée par les vents violents et les vagues capricieuses.
La révélation et la cupidité
Piqué par la curiosité, le batelier demanda à l’homme pourquoi son coffre était si lourd. L’homme révéla alors qu’il était rempli de diamants, nombreux et d’une pureté exceptionnelle. Il se vanta d’être l’homme le plus riche du monde et exprima son intention de présenter ses richesses dans les cours royales d’Europe. Fasciné par ces richesses, le batelier commença à se perdre dans ses rêveries, imaginant ce que pourrait être sa vie avec un tel trésor à sa disposition.
Soudainement, dans une manœuvre, le batelier fit tanguer la barque, projetant l’homme dans les eaux du lac agitées et sombres. Il prit, évidemment, bien soin de ne pas faire chavirer le coffre ! Ignorant les cris de détresse de l’homme en train de se noyer, le batelier, sans hésiter, poursuivit sa route. Convaincu qu’il venait de devenir l’homme le plus riche du monde, il naviguait en réalité vers un avenir incertain…
La découverte du trésor et la cachette secrète
Peu de temps après, le batelier atteignit le port de Ripaille. Avec précaution, il sortit le coffre de la barque et l’ouvrit pour y découvrir le trésor : des centaines de diamants, chacun plus gros que le poing. Il glissa le plus petit de ces joyaux dans sa poche et décida de cacher le reste de son butin pour plus tard. Il avait l’endroit parfait en tête : la vieille tour du château de Ripaille, à moitié en ruine et abandonnée. Exténué par les événements de la soirée, il s’allongea à côté du coffre sur un tapis de fougères, laissant son esprit vagabonder sur les possibilités que cette nouvelle richesse pouvait lui offrir…
Un châtiment surnaturel
Dans le silence de la tour du château, le batelier ne put trouver le repos. Brusquement réveillé, il vit apparaitre devant lui la tête du diable, furieux de s’être fait voler son trésor. Le diable, dans un accès de colère, maudit le batelier : “Tu m’as volé ! Tu ne profiteras pas de ton crime : changé en noyer, tu seras noyé comme moi ! Cette valise est pleine de diamants et pour ton supplice, chaque année, à minuit, la même nuit, les fruits que tu porteras se transformeront en diamants. Je reviendrai les cueillir moi-même et ne te laisserai que de vulgaire noix !” hurla-t-il. La malédiction du diable était ainsi prononcée, scellant le destin du batelier dans une ironie cruelle.
Dans sa colère, le diable saisit le batelier et, avec une force surhumaine, le sortit du château pour le planter dans le sol ! Sous le regard furieux du diable, le batelier se métamorphosa lentement en arbre, en noyer pour être précis, qui prit racine juste devant la tour du château. Une fois sa vengeance accomplie, le diable disparut, s’enfonçant calmement dans les eaux profondes du lac. Avec le temps, le noyer grandit, enfonçant ses racines toujours plus profondément dans la terre.
Une légende qui perdure
Selon la légende, on raconte toujours que chaque année, à la date anniversaire de cette malédiction, un phénomène étrange se produit sur le lac. Les eaux se déchaînent, contraignant les bateliers à rester à quai. À la tombée de la nuit, le diable émerge des profondeurs et disperse les nuages d’un revers de la main. Sous le clair de lune, les noix de l’arbre maudit se métamorphosent en diamants. Le diable n’a alors plus qu’à faire sa récolte.
Depuis ce jour, les rumeurs disent qu’il est dangereux de traverser le lac Léman la nuit… Mais au-delà des superstitions, cette légende transmet en réalité un message moral : “Bien mal acquis ne profite jamais”, rappelant les conséquences inévitables de l’avidité et de la malhonnêteté.
Merci pour nous faire connectés légendes dont je suis friand.
J’ai par le passé, découvert Rennes le Château et la légende du prêtre Béranger Saunieres. Captivant !