Parmi les légendes du lac d’Annecy, il en est une moins connue que celle de Bernoline, la dame d’Angon. Il s’agit de l’histoire de la fée du lac, qui est à l’origine du village englouti du lac. Retour sur cette légende de Noël.
Une presqu’île au large de Duingt
Il se dit qu’il y a fort longtemps, il existait une presqu’île au large de Duingt. Elle accueillait un joli village, dans lequel les habitants menaient une vie paisible, à la fois heureuse et simple. Les femmes se chargeaient de s’occuper et d’éduquer les enfants, en plus de soigner les bêtes.
Les hommes, quant à eux, cultivaient la terre, pêchaient dans le lac et fabriquaient leur vin en raison de la présence de vignes.
Une soirée de Noël peu banale
Notre légende débute par un beau soir de Noël, alors que les villageois se préparaient pour la traditionnelle messe de minuit. Tandis que la brume commence à recouvrir le lac et que la tempête de neige fait son apparition, deux silhouettes apparaissent à l’entrée du village. Celle d’une vieille dame, pliée en deux et se cramponnant à un bâton noueux, ainsi que celle d’un vieux chien galeux et baveux.
Une aumône malheureuse
Ce duo détonnant pensait qu’il serait facile de trouver un toit pour cette nuit d’hiver. Malheureusement, la vieille femme se berçait de douces illusions. À peine arrivée à la porte de la première maisonnée, elle se fit renvoyer par la maîtresse de maison. Cette dernière était en train de préparer des rissoles, une spécialité culinaire de la région.
“Eh là, vieille dame, que faites-vous dehors par ce temps et à cette heure ?
-Hélas, je voudrais juste un quignon de pain et un petit coin dans une grange ou une écurie pour mon chien et moi. Nous venons tout droit du Semnoz et nous sommes perdus dans la tempête. Nous sommes fourbus…
– Passez votre chemin, il n’y a pas de place ici et les honnêtes gens ne courent pas les chemins un soir de Noël !”
C’est ainsi que la vieille femme et son chien passèrent de porte en porte, sans jamais trouver quiconque pour les héberger un 24 décembre au soir. Même les enfants, munis de lanternes et se rendant à la messe de minuit, chassèrent le couple.
La métamorphose de la pauvre vieille
Las de voir que personne ne voulait d’eux, la vieille femme et son fidèle compagnon décidèrent finalement de rebrousser chemin. Alors que la tempête fait rage, ils reprirent donc le chemin du Semnoz. Une fois sur la crête, ils purent voir les joyeuses familles se diriger vers l’église, munies de leurs lanternes pour la messe de minuit.
C’est à minuit, à l’issue du douzième coup de cloche, que l’improbable se produisit. Alors que la vieille et son chien observait toujours les villageois, ils se transformèrent soudain.
La mégère devint soudain une magnifique jeune femme, tandis que son compagnon à quatre pattes pris la forme d’une bête blanche à la forme de loup, puissante, imposante et splendide.
La fée du lac d’Annecy venait d’apparaître.
Les origines du village englouti
La fée se retourna et fit face au lac et au village. Elle se mit alors à parler assez fort pour que sa voix porte jusqu’aux villageois : “Villageois, soyez punis à hauteur de votre méchanceté !”. C’est alors que ce produit un énorme cataclysme. L’orage se mit à gronder, le vent se leva, formant des vagues de plus en plus grosses sur le lac d’Annecy. Un gigantesque raz-de-marée engloutit le village, aspirant maisons et villageois vers les profondeurs, avant que le calme ne revienne.
C’est ainsi que naquirent la légende du village englouti et de la fée du lac d’Annecy. Depuis, les soirs de Noël, il se dit que si vous tendez l’oreille, vous entendrez les douze coups d’une cloche lointaine. Il s’agirait de la plainte désespérée et éternelle du village englouti…
A noter qu’il existe bel et bien à proximité du château de duingt un endroit au milieu du lac ou l’on a pied. Ce lieu aurait bel et bien été habité à une époque reculé. Autre information utile, le lac n’aurait pas toujours eu le niveau actuel mais plutôt 5 mètres de moins et ce durant des centaines d’années au moins.
La légende s’inspire indéniablement de ce qui fût.