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    Histoire d’Annecy : l’ancienne manufacture de coton

    Après vous avoir raconté l’histoire de la chocolaterie des Marquisats, on vous emmène cette fois à la découverte de l’ancienne manufacture de coton, en plein cœur d’Annecy. Une entreprise qui a profondément marqué le paysage économique et social de la région au XIXᵉ siècle.

    Les débuts de la manufacture

    L’histoire de la manufacture de coton commence en 1804, lorsque Jean-Pierre Duport, un entrepreneur savoyard originaire de Termignon en Maurienne, décide d’installer une filature en plein cœur d’Annecy. Déjà actif dans le commerce du coton à Lyon, il fait l’acquisition de l’ancien couvent des Clarisses, devenu bien national après la Révolution française, et y installe ses premières machines. Pour alimenter la production, il exploite la force motrice du Thiou, permettant d’actionner les équipements.

    Dès 1805, l’usine se développe rapidement et emploie plusieurs centaines d’ouvriers, dont de nombreuses femmes et enfants, parfois âgés d’à peine sept ans. Les conditions de travail y sont particulièrement éprouvantes : la température dépasse les 30 degrés, et l’humidité fait coller la poussière de coton sur la peau et les vêtements des ouvriers.

    Connus sous le nom de “rattacheurs”, les jeunes ouvriers occupent l’un des postes les plus dangereux : ils doivent se glisser sous les machines en marche pour rattacher les fils cassés.

    La loi qui régule le travail des enfants sera votée en France en 1841. La région ne rejoignant officiellement le territoire français qu’en 1860, cette réglementation sera peu mise en œuvre et restera largement ignorée dans le département jusqu’à la fin du XIXᵉ siècle.

    L’essor industriel

    Sous la monarchie sarde, la manufacture connaît un essor rapide. En 1816, elle obtient le titre prestigieux de “Manufacture royale”, une reconnaissance qui lui ouvre de nouvelles opportunités et lui permet d’élargir sa clientèle des deux côtés des Alpes.

    Histoire manufacture coton AnnecyFace au succès, Jean-Pierre Duport entreprend une modernisation de son complexe industriel. Un canal de dérivation est aménagé sur la rive gauche du Thiou afin de stabiliser l’approvisionnement en énergie hydraulique. Cet aménagement technique est accompagné de l’installation de vannes mécaniques, en 1874 sous l’égide de l’ingénieur Sadi Carnot, futur Président de la République française. Toujours visibles aujourd’hui près du pont de la République, ces vannes ont permis de rehausser le niveau de l’eau d’environ 20 cm, assurant ainsi un débit constant pour alimenter les machines des usines.

    Pour augmenter ses bénéfices, Duport développe par la suite de nouvelles activités : tissage, teinture, blanchiment et impression d’étoffes. De nouvelles infrastructures s’implantent sur l’île Saint-Joseph, mais aussi à d’autres endroits clés d’Annecy, comme l’actuel internat Gabriel Fauré et le Centre Bonlieu. À son apogée, la manufacture produit entre 200 000 et 300 000 kg de filés par an et emploie un Annécien sur cinq, jouant un rôle central dans l’économie locale.

    Les défis et la fermeture

    L’annexion de la Savoie à la France en 1860 marque un tournant décisif pour la manufacture, qui perd brutalement son marché piémontais, jusque-là essentiel à son expansion. Elle se retrouve confrontée à une concurrence accrue des grandes industries textiles françaises et étrangères. Pour tenter de relancer l’activité, la famille Laeuffer prend des parts dans l’entreprise, et parvient à stabiliser la situation un temps, employant jusqu’à 1 400 ouvriers.

    Mais au XXᵉ siècle, les difficultés s’accumulent. La Seconde Guerre mondiale aggrave encore la situation : les pénuries de matières premières et la rareté de la main-d’œuvre entraînent une chute drastique de la production. Entre 1941 et 1942, celle-ci est divisée par dix par rapport aux niveaux d’avant-guerre, et sur les 516 métiers à tisser, seuls 370 restent en activité.

    Malgré plusieurs tentatives de relance, la manufacture ne parvient jamais à retrouver son dynamisme et, après près de 150 ans d’activité, elle ferme définitivement ses portes en 1955.

    Que sont devenus les bâtiments ?

    Après la fermeture de la manufacture, les bâtiments connaissent une seconde vie. Certains sont loués à des commerçants, tandis que l’ancienne chute d’eau continue d’être exploitée, alimentant temporairement EDF en électricité. Dans les années 1960, le site accueille une succursale des Galeries Barbès, un grand magasin spécialisé dans l’ameublement.

    Mais face à l’intérêt grandissant des investisseurs pour cet espace stratégique, la municipalité décide de racheter les lieux en 1971. Les derniers habitants des logements ouvriers sont relogés, et un vaste projet de réhabilitation urbaine est lancé. L’objectif : intégrer un quartier moderne tout en préservant l’harmonie architecturale des vieux quartiers.

    Croix rouge française AnnecyEn 1972, un cabinet d’architectes est chargé de concevoir un complexe comprenant 62 logements, un hôtel, un cinéma et des salles de réunion pour les associations locales. L’année suivante, la démolition des anciens bâtiments s’achève, effaçant les dernières traces visibles de la manufacture. Le projet est ensuite intégré à l’opération Sainte-Claire, initiée en 1977, et aboutit en 1978 avec la délivrance d’un permis de construire. C’est cette même année que la Croix-Rouge s’installe dans les nouveaux locaux qu’elle occupe encore aujourd’hui.


    Crédit photo de l’article © Auguste et Ernest Pittier. – 1899-1922 – Archives de Haute-Savoie

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    Marine B.
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    Je suis Marine, passionnée par la gastronomie, la photographie et notre magnifique région. En tant que responsable et rédactrice pour le média indépendant Annecy-Ville, je suis ravie de vous faire découvrir les merveilles de la ville et des environs. Découvrez avec moi les histoires, les événements et les endroits exceptionnels qui font de notre Venise des Alpes un endroit si spécial. ✨

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