Le lac d’Annecy, reconnu comme lac le plus pur d’Europe, est un trésor naturel non seulement pour les habitants de la région, mais aussi pour les nombreux visiteurs. Toutefois, cette réputation enviable n’a pas toujours été évidente, et la qualité de l’eau a évolué de manière significative au fil des décennies.
Une pollution historique
Jusqu’aux années 1950, le lac d’Annecy a été gravement affecté par la pollution. À cette époque, les eaux usées des villes et villages voisins se déversaient directement dans le lac, ce qui a entraîné une dégradation importante de sa qualité. On peut facilement imaginer l’état désastreux dans lequel se trouvait l’eau… pourtant, les habitants s’y baignaient quand même !
Cette situation a conduit à une pollution sévère et à une croissance excessive d’algues, mettant en danger l’équilibre écologique du lac. Face à ce problème, des personnalités locales comme le docteur Paul Servettaz et l’ancien maire d’Annecy, Charles Bosson, ont pris des mesures pour alerter et agir.
La création du SILA
En 1957, pour lutter contre la pollution du lac d’Annecy, huit communes se sont regroupées pour créer le Syndicat Intercommunal du Lac d’Annecy (SILA). Leur objectif était de protéger le lac en mettant en place une sorte de bouclier autour du lac, constitué de collecteurs d’eaux usées. Ces eaux étaient ensuite traitées dans des stations d’épuration avant d’être évacuées vers le Fier. Ce projet ambitieux, qui a nécessité un investissement équivalent à 350 millions d’euros, a marqué un tournant crucial pour la qualité de l’eau du lac.
Grâce à ces efforts, les sources de pollution directe ont été éliminées et la qualité de l’eau s’est nettement améliorée. Pour vous donner une idée de cette évolution, la transparence de l’eau, qui était de seulement 3 mètres dans les années 1950, a atteint 14 mètres en 2007.
En 2001, le SILA est devenu le Syndicat Mixte du Lac d’Annecy. Aujourd’hui, il continue de gérer et de protéger le lac, avec la participation de 74 communes, représentant une population de 260 000 habitants.
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Le lac d’Annecy aujourd’hui
Le lac d’Annecy est reconnu aujourd’hui comme l’un des lacs urbanisés les plus purs d’Europe. Il est désormais alimenté exclusivement par des sources naturelles, comme des ruisseaux, des torrents et une source souterraine située à 80 mètres de profondeur.
Une pureté qui n’est pas sans conséquence
La pureté du lac d’Annecy a aussi ses inconvénients. La grande transparence de ses eaux laisse passer plus de rayons du soleil, ce qui peut sembler positif au premier abord. Mais cette clarté excessive a un impact négatif sur l’écosystème. La lumière intense diminue les niveaux de phosphore, un nutriment essentiel pour les planctons et les algues qui nourrissent des poissons comme la féra et l’omble chevalier.
Paradoxalement, bien que les eaux cristallines offrent des paysages magnifiques, cette pureté a conduit à une baisse de la biodiversité et à une diminution du nombre de poissons.
Pour faire face à ces défis, le SILA a initié dès 1966 un suivi scientifique régulier en partenariat avec l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), aujourd’hui devenu l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE), une démarche rare en Europe.
Le réchauffement climatique : un enjeu de taille
Ces dernières décennies, le réchauffement climatique a commencé à se faire sentir sur le lac d’Annecy. La température de l’eau a augmenté de 2 degrés au cours des dix dernières années, ce qui crée de nouveaux défis pour l’écosystème. Les poissons cherchent refuge dans les profondeurs plus fraîches, ce qui complique leur reproduction. En parallèle, cette hausse de température menace les invertébrés et le plancton, éléments clés de la chaîne alimentaire.
Avec l’augmentation de la température de l’eau, des espèces comme la Craspedacusta Sowerbyi, une méduse d’eau douce, se développent également dans le lac. Ces créatures gélatineuses ont été observées pour la dernière fois à Annecy fin août 2023. À savoir qu’elles ne sont pas dangereuses pour les humains et ne piquent pas.
Des espèces qui menacent l’écosystème
Le lac d’Annecy est aussi désormais confronté à des menaces supplémentaires provenant d’espèces invasives. La moule quagga et les écrevisses exotiques par exemple, introduites principalement par l’activité humaine, sont particulièrement préoccupantes. Ces espèces menacent gravement l’équilibre de l’écosystème local.
Pour lutter contre cette menace, les autorités locales ont mis en place quelques mesures préventives. Par exemple, elles encouragent les propriétaires de bateaux à bien nettoyer leurs embarcations avant de les (re)mettre à l’eau. L’idée est de limiter la propagation de ces espèces.
Une influence humaine
Au-delà du réchauffement climatique, les activités humaines ont également laissé leur empreinte sur le lac d’Annecy. Pendant longtemps, le lac a profité d’une certaine tranquillité, mais l’essor du tourisme et des loisirs nautiques a changé la donne. La multiplication des bateaux à moteur et des sports nautiques a perturbé l’équilibre fragile de l’écosystème. Les émissions de CO2, les produits chimiques rejetés et les déchets générés par ces activités ont un impact sur la qualité de l’eau et peuvent contribuer à son réchauffement.
De même, l’urbanisation croissante autour du lac joue un rôle dans l’augmentation de la température, en captant et en réfléchissant la chaleur.
Un équilibre qui reste fragile
La qualité de l’eau du lac d’Annecy a été restaurée grâce à des efforts concertés et à une vigilance constante, mais comme vous l’aurez compris, elle reste fragile face aux nouvelles menaces, telles que le réchauffement climatique et la pollution. Ces défis nécessitent une attention constante pour garantir la préservation de notre magnifique lac.
Pour préserver la beauté du lac d’Annecy, faites attention à vos déchets. Trop souvent, les détritus laissés sur les plages ou les pontons finissent par se retrouver dans l’eau. Pour aider à garder notre lac propre, pensez à emporter avec vous tout ce que vous avez apporté et à utiliser les poubelles mises à disposition.
Gouverner c’est prévoir. A quand l interdiction des moteurs thermiques.pour la préservation d un bel avenir merci
Article intéressant, mais le Fier n’est pas un affluent du lac, un effluent par le biais du Thiou à la rigueur.. Détail qui a son importance car si on suit l’article ça voudrait dire que le SILA rejette dans le Fier qui finirait au final dans le lac.
J’avais entendu que l’appellation “plus pur d’europe” venait du fait que c’était le 1er lac où l’on ne déversait plus les eaux-usée, rumeur peut-être ?
Un très bon et intéressant article. Merci
Il est très propre mais le lac le plus propre d’Europe j’ai du mal à y croire, rien que le fait que des gens s’y baignent doit forcément mettre de la crème solaire et autres produits, un lac avec de la baignade ne pourra jamais être aussi propre qu’un lac de haute altitude où personne ne va jamais
Lac urbain comme précisé dans l’article!