Les Bains de la Caille, situés à Allonzier-la-Caille près d’Annecy, étaient autrefois des thermes renommés, aujourd’hui abandonnés.
Découverte des eaux et premières constructions
La renommée des eaux thermales de la Caille remonte au XVe siècle. Réputées pour leurs propriétés curatives, ces eaux riches en soufre ont rapidement attiré l’attention de la région. Jean Tournier, un notable genevois, aurait été guéri d’une grave blessure à la jambe grâce à ces eaux miraculeuses. Il demanda alors au duc de Savoie la permission d’exploiter cette source avec son gendre, Jaquet Grandol. En 1447, ils obtinrent cette autorisation, mais le projet ne se concrétisa pas.
Plus tard, un autre Genevois, Jean Brulequin, reçut à son tour l’autorisation d’exploiter la source. Il fit construire un hôtel avec des écuries et un jardin. Cependant, malgré l’achèvement des travaux en 1475, un éboulement détruisit l’édifice. Ce désastre fit tomber les bains dans l’oubli jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Seuls les habitants continuaient de descendre aux sources pour profiter de leurs bienfaits.
Les caractéristiques de l’eau
Les eaux sulfurées des Bains de la Caille jaillissent des bases calcaires de la montagne du Châtelard à une température de 30°C. Elles sont reconnues pour leur odeur forte et caractéristique, semblable à celle des œufs pourris, et leurs bienfaits thérapeutiques. Utilisées principalement pour soigner les maladies de la peau, les rhumatismes et les migraines, ces eaux étaient très prisées par les curistes. Les traitements incluaient la consommation de l’eau réputée facile à digérer, avec jusqu’à 12 verres par jour recommandés, ainsi que des bains, des douches et des bains de vapeur.
Renaissance et développement au XIXe siècle
Au début du XIXe siècle, après une période d’abandon, les Bains de la Caille connurent un nouvel essor. En 1825, un groupe de personnes, parmi lesquelles Michel Baussand de Copponex, entreprit la construction de baraques en bois ainsi que d’une structure sur la rive droite des Usses.
Entre 1849 et 1852, le chanoine Paul-Bernard Croset-Mouchet supervisa la construction de plusieurs bâtiments aux Bains de la Caille. Ces nouvelles installations comprenaient des résidences avec cabines de bains, un hôtel-restaurant, des piscines et des bassins extérieurs, un bâtiment administratif, une chapelle et une écurie. En 1852, l’ouverture d’une route carrossable jusqu’au pont suspendu facilita grandement l’accès au site, favorisant ainsi son développement.
Modernisation au début du XXe siècle
Au début du XXe siècle, les Bains de la Caille subirent une série d’améliorations et d’agrandissements. Quelques années après les premières constructions, de nouvelles piscines et une maison de cure furent ajoutées au site. Malheureusement, cette maison de cure fut détruite par une crue en 1888.
Pour continuer le développement, le bâtiment administratif fut transformé en casino, ce qui contribua à accroître la popularité de la station thermale. En 1923, sous la direction de la famille de Charles Mantilleri, le site subit une modernisation significative. Des centrales électriques furent installées, et diverses activités de loisirs furent développées, comme des concerts, des terrains de tennis et encore de nouvelles piscines. Ces améliorations attirèrent une clientèle aisée venant de Genève, Paris et même de l’étranger, assurant ainsi le succès de la station thermale.
Fermeture des Bains de la Caille
À partir de 1933, l’exploitation des Bains de la Caille commença à décliner, les conditions d’accès et l’entretien étant difficile. Cette période de déclin s’accentua pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque l’activité cessa complètement. Les tentatives de vente du site échouèrent, et les bâtiments subirent des dommages importants en raison de l’occupation de l’armée française et des pillages qui s’ensuivirent.
De 1947 à 1960, une association d’infirmes tenta de rénover les installations et de relancer l’exploitation des bains. Malgré ces efforts, diverses difficultés financières et logistiques empêchèrent le succès de cette initiative. Finalement, l’exploitation des Bains de la Caille cessa définitivement dans les années 1960, marquant la fin d’une époque pour cette station thermale autrefois florissante.
Les Bains de la Caille aujourd’hui
Les Bains de la Caille, auparavant une destination thermale prestigieuse, sont aujourd’hui réduits à l’état de ruines, mais ils restent un lieu chargé d’histoire. Parmi les vestiges encore visibles, on trouve des bâtiments et une ancienne piscine ornée de l’inscription : “béni soit Dieu qui fit jaillir les sources, à côté des maux, il mit le remède”.
Les ruines des Bains de la Caille se situent en contrebas, juste un peu avant le Pont de la Caille. L’accès au site est dangereux en raison des chemins dégradés et des risques de chutes de pierres. Malgré leur état actuel, ces ruines continuent d’attirer l’attention des plus aventureux, mais nous vous déconseillons vivement de vous y rendre.
Encore plus d’histoires de Haute-Savoie
Si vous aimez les histoires d’Annecy et de Haute-Savoie :
- Savez-vous à quoi servaient & servent les canaux d’Annecy ?
- Les contrebandiers en Haute-Savoie
- L’histoire du décolletage, une activité économique essentielle pour la Haute-Savoie
- Héros de l’ombre : les maquis de Haute-Savoie et leur combat contre l’Occupation
- Histoire d’Annecy : la saga de l’annexion, ou comment la cité lacustre est devenue française
- Annecy et la Seconde Guerre mondiale : histoire d’une ville sous l’emprise de l’occupation allemande
© Photos : Archives départementales de Haute-Savoie & site d’Allonzier la Caille