Le gypaète barbu, longtemps considéré comme oiseau mangeur d’enfants, a pourtant été réintroduit dans les Alpes. En Haute-Savoie, il est aujourd’hui possible de l’observer à divers endroits.
Le gypaète, un oiseau légendaire porteur de malheur
Durant de longues années, le gypaète barbu a été surnommé “oiseau de Satan”. Terriblement redouté par les habitants de montagne durant le 19e siècle, il était considéré comme celui qui volait à la fois enfants et moutons. Pourtant, le gypaète est avant tout un mangeur d’os, qui ne s’attaque pas aux troupeaux ni à l’humain.
Mais en raison de sa grande envergure, de son cercle rouge autour des yeux et de son poitrail couleur sang, beaucoup lui prêtaient autrefois des pouvoirs démoniaques. À tel point que le gypaète a disparu des Alpes, avant d’être réintroduit en 1986. Entre 187 et 2001, ce sont 31 de ces rapaces qui ont été réintroduits. Malgré le succès de l’opération, cet oiseau charognard faisant partie des animaux emblématiques de la faune locale n’est pas pour autant sorti d’affaire.
Ainsi, il demeure menacé par l’activité humaine et reste, aujourd’hui encore, l’un des rapaces les plus rares d’Europe.
D’où vient la couleur rouge de ses plumes ?
Une question se pose donc. D’où vient la couleur rougeâtre sur les plumes de l’animal, notamment sur son poitrail ? La réponse est en réalité simple : le gypaète est un oiseau qui apprécie les bains de boue riches en oxydes de fer. Une manière aussi pour le rapace de montrer qu’il est maître de son territoire … Et donc de dissuader les autres gypaètes.
Il se dit que plus un oiseau est coloré, plus il serait dominant. Quoi qu’il en soit, cette couleur ocre n’a donc rien à voir avec du sang animal ou même humain.
Où observer le gypaète en Haute-Savoie ?
En Haute-Savoie, il est possible d’observer cet oiseau rare à plusieurs endroits du département. Dans le Bargy, par exemple, du côté du col de la Colombière au Grand Bornand ou de Sallanches, au-dessus des Quatre Têtes. Autre possibilité, sur les hauteurs de Passy, du côté de la Réserve Naturelle de Sixt-Passy ou aux alentours de Magland.
Attention cependant, à ne pas confondre le gypaète avec les vautours présents dans les montagnes de Haute-Savoie. Vous devrez aussi faire preuve de patience, le gypaète étant un oiseau parfois difficile à trouver. Par ailleurs, et bien que cela puisse être complexe, ne tentez pas d’accéder au nid d’un couple de gypaètes.
© Didier Cottereau – Accompagnateur en Montagne
La protection du gypaète barbu
En 2000, un centre de reproduction des gypaètes a été inauguré en Haute-Savoie, du côté du Mont-Blanc. Il a été rénové en 2017. Son objectif ? Aider à la reconstruction d’une population de gypaètes plus large autour dans les Alpes et autour de la Méditerranée.
Par ailleurs, deux zones Natura 2000 ont été mises en place en Haute-Savoie, dans le but de protéger les couples de gypaètes :
- La zone Natura 2000 du massif du Bargy – Marnaz, le Mont-Saxonnex, le Reposoir et Scionzier
- La zone Natura 2000 du massif des Aravis – Magland, Nancy-sur-Cluses, Le Reposoir
Par ailleurs, le survol en parapente de zones de nichée n’est pas autorisé. Une manière d’éviter que les gypaètes adultes ne quittent les nids après avoir été effrayés par les parapentistes.