L’agence d’intérim Manpower a récemment publié une étude montrant que 100 000 postes seraient vacants en Suisse. Divers secteurs clés manquent de talents, alors que de nombreux départs à la retraite se préparent. Et s’il s’agissait d’une opportunité pour les frontaliers ?
Manque de main-d’œuvre qualifiée à un niveau historique
100 000 postes vacants. C’est bien le seuil franchi en Suisse durant les trois derniers mois de 2022. Alors que le chômage est à seulement 2,2 %. Une situation pour le moins paradoxale et qui découle aussi d’une hausse des demandes d’engagement de l’ordre de 20 à 30 % en comparaison à l’année précédente.
Pourquoi une telle pénurie de main-d’œuvre ?
Plusieurs facteurs expliquent par ailleurs cette pénurie de main-d’œuvre chez nos voisins suisses :
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Les départs en retraite massifs de la génération des “baby-boomers”
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L’après-crise sanitaire, qui amène les travailleurs à reconsidérer leur manière de travailler et leurs attentes
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La barrière de la langue, notamment du côté de la Suisse-Allemande.
Ces secteurs qui peinent à recruter
Certains secteurs ont plus de difficultés que d’autres à recruter, notamment en raison de la pénibilité du travail ou de la rémunération. Nous penserons notamment :
- Eu secteur de la santé
- Aux développeurs et analystes de logiciels
- Aux conducteurs de travaux
- Aux professionnels de l’ingénierie
- Au secteur de l’électricité
Le recrutement, enjeu majeur en Suisse pour 2023
Aujourd’hui, ce ne sont plus les entreprises qui choisissent leurs talents, mais ce sont bien les travailleurs qui choisissent leur entreprise. Un retournement de situation qui a pris effet ces dernières années et qui s’est accentué depuis la crise sanitaire.
Associer qualité et quantité
C’est aussi pour cette raison que le recrutement sera probablement l’enjeu majeur des sociétés suisses pour 2023. Car le pays n’a pas pour objectif de sacrifier la qualité en comparaison à la quantité, loin de là. Et dans le but de retenir les salariés, cette année pourrait bien être aussi celle des négociations salariales.
Le défi s’avère donc double. Et il pourrait s’agir d’une belle opportunité pour les professionnels résidant en France, à proximité de la frontière avec la Suisse.
Une opportunité pour les frontaliers ?
D’ici à 2030, une étude de l’association ICT-Formation a montré qu’il manquera à la Suisse 38 700 informaticiens. Et si les métiers de l’industrie ou de l’ingénierie sont déjà sous tension, c’est bien le secteur de la santé qui pêche aussi. Selon l’Observatoire Suisse de la Santé, il devient indispensable de recruter à l’étranger. Sans quoi le pays ne pourra plus couvrir ses besoins en matière de médecins spécialistes. Un point positif pour les frontaliers, donc.
Notamment lorsque l’on sait qu’à compétences égales, un Français coûtera moins cher qu’un Suisse à son entreprise. Il s’agit donc d’un bel argument d’embauche, qui peut largement être mis à profit.
La rémunération en Suisse
Nous le savons, la rémunération est plus attractive en Suisse que celle de Haute-Savoie et plus généralement de France. Mais se déplacer tous les jours depuis Annecy ou ailleurs en vaut-il la chandelle ?
Un SMIC le plus élevé au monde
Gardez à l’esprit que la Suisse est le pays dont le SMIC est le plus élevé au monde. Au 1er janvier 2023, il est ainsi passé de 23,27 francs suisses de l’heure (23,67€ de l’heure) à 24 francs suisses, soit 24,12€ de l’heure.
Cette année, en tant que frontalier payé au SMIC, vous toucherez donc un salaire de 4 444€ brut par mois. Le salaire mensuel moyen dans le canton de Genève, quant à lui, est de 6 074,65 CHF et donc de 5 770,90€.
Ces métiers qui rémunèrent davantage les frontaliers que les Suisses
Il faut savoir que certains métiers sont plus avantageux financièrement parlant pour les frontaliers que pour les Suisses eux-mêmes. Notamment du côté de Genève, où les entreprises recherchent des profils très qualifiés. Voici un petit aperçu.
Secteur | Salaire moyen des frontaliers (CHF) | Salaire moyen des Suisses (CHF) |
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Industrie pharmaceutique | 10 530 CHF | 9 084 CHF |
Recherche et développement | 9 162 CHF | 8 540 CHF |
Informatique | 9 043 CHF | 8 815 CHF |
Assurance | 9 726 CHF | 8 580 CHF |
Énergie | 8 425 CHF | 8 180 CHF |
Avant de vous lancer, considérez bien ceci: entre 600 et 1000€ de frais mensuels de déplacement sur l’autoroute la plus chère de France. Aucun train mis à disposition…. La pollution engendrée par ce traffic forcé ne semble d’ailleurs pas ennuyer la mairie “écologiste” de cette ville dortoir…. Le télétravail limité à 40% par la loi française et l’interdiction de passer plus de 10 jours par année en voyage d’affaires pour bien limiter votre carrière. Au final mieux vaut résider en Suisse….