Au fil des ans, le lac d’Annecy a été sujet aux aléas climatiques. Épisodes de gel, crues ou encore sécheresse, le joyau d’Annecy n’a pas toujours été qu’un joli point d’eau tranquille. Alors que l’épisode de froid semble s’installer en Haute-Savoie en ce mois de janvier 2023, nous vous proposons de revenir sur les caprices du lac d’Annecy.
Les épisodes de gel sur le lac d’Annecy
Au fil des siècles, le lac d’Annecy a gelé de nombreuses fois. En 1573, il est possible de traverser entre Duingt et Talloires, ainsi qu’entre Veyrier-du-Lac et Sévrier. Selon les estimations, 2 000 personnes traversèrent le lac à pied cette année-là, durant les mois de janvier et de février. Le dégel ne débutera qu’à partir du 16 février.
C’est l’hiver 1879-1880 qui a probablement été le plus rigoureux. Le froid s’installe alors dès le mois de novembre, avant de s’intensifier en décembre et en janvier. La température moyenne descend à -10°C, le mercure atteignant les -17°C le 27 janvier 1880. Devant l’ampleur de cette vague de froid, les platanes de la rue d’Albigny se fendent.
Au début du mois de février, les Annéciens sortent les patins à glace et se rendent dans la baie de Duingt pour profiter du gel. Les températures ne commenceront à se radoucir qu’au 20 février.
Les autres épisodes de gel du lac d’argent se feront en : 1681, 1682, 1684, 1709, 1789, 1799, 1891, 1927, 1963, 1956 ou encore en 2012. Attention cependant, il demeure extrêmement rare que le lac gèle dans son entièreté. C’est en réalité une chose quasi impossible. Ceci s’explique par sa superficie de 28 km² et de sa profondeur moyenne de 40 mètres. L’eau du lac d’Annecy avoisine en moyenne les 6°C en hiver.
Des épisodes de grand froid meurtriers
Ces épisodes de grand froid ont été meurtriers. En 1895, par exemple, les cantonniers œuvrant sur la départementale entre Alex et Bluffy découvrent un homme mort, entièrement gelé. Il s’agissait de Déronzier, un fermier qui rentrait d’une sépulture à Villaz. Au lieu de passer par Alex, le pauvre homme a décidé de prendre un sentier plus rapide. Suite à un faux pas, Déronzier a chuté et, engourdi par le froid, il n’a pas pu se relever. C’est ainsi que les cantonniers le trouvèrent.
Les crues du lac
Le lac d’Annecy connait aussi de nombreuses crues au fil des ans. La cote normale du lac d’argent est fixée à environ 446 mètres d’altitude, soit 0,80 centimètre. Parmi les crues ayant le plus marqué, nous retrouvons celle de 1711.
Le mois de janvier, très froid, fait qu’une grande quantité de neige est présente en altitude. Mais à partir du 8 février, de fortes pluies s’abattent sur la ville d’Annecy. Les eaux du lac s’élèvent et les premières inondations surviennent au niveau du Pâquier.
Entre le 15 et le 28 février, la pluie ne cesse pas. C’est alors que le lac atteint sa cote la plus haute : 3,10 mètres. Les eaux ne cessent de grossir et les communications sont suspendues à travers Annecy.
Devant l’ampleur de la crue et la force de l’eau, certains bâtiments ne résistent pas. Nous penserons notamment à la tour des Cordeliers, située à la jonction du canal Notre-Dame et le Thiou, ainsi qu’à l’éboulement d’une partie du cimetière de l’hôpital.
Afin de limiter au maximum le risque de crues, des travaux sont réalisés dès la fin du XIXe siècle. Les rivages du lac sont rehaussés et un système de vannes est installé afin de maîtriser et de régulariser le débit du Thiou.
1914 et la grande crue
Autre crue qui aura marqué Annecy, celle de 1914. Elle est d’ailleurs surnommée la “grande crue” et dite océanique. Le 6 août, de fortes pluies s’abattent sur le lac. En une nuit, la hauteur du lac augmente de 1,01 mètre. C’est alors qu’Albert Crolard, Conseiller général du département pour le canton d’Annecy, demande à ce que le Thiou soit récuré régulièrement. Il mettra aussi en avant la nécessité de consolider les immeubles, d’augmenter le débit du Vassé et de rebâtir les ponts Morens.
Et si les travaux seront bien effectués, cela ne suffira pas toujours à éviter les inondations. Preuve en est en 2012, lorsque le lac d’argent monte de 20 centimètres en raison de la fonte des neiges combinée à de fortes précipitations.
© France 3 Auvergne-Rhône-Alpes
Lac d’Annecy et sécheresse
Le lac d’Annecy a aussi connu des épisodes de sécheresse. Le dernier en date est celui de 2018. Cette année-là, le niveau de l’eau diminue d’environ 70 centimètres. Sur l’esplanade du Pâquier, plus possible de s’asseoir sur les pontons afin d’avoir les pieds dans l’eau. Pour trouver l’eau, il faut avancer à pied sur plusieurs centaines de mètres. Il faudra remonter en 1947 pour trouver une diminution aussi drastique du lac.
1906, année pauvre en précipitations
Autre année marquée par une forte sécheresse, 1906. Les précipitations sont alors très pauvres et le retrait du lac est d’autant plus conséquent. En effet, la rive se retire à plus de 150 mètres de son emplacement habituel.
Durant l’été, l’abreuvoir des animaux qui se trouve sur l’avenue d’Albigny est à sec. Pour se baigner, il est nécessaire de marcher sur plusieurs centaines de mètres. Pourtant, ce n’est pas la première fois que le lac est mal en point. Il se dit auprès des anciens que la situation s’est déjà produite en 1854 et en 1857.